Celui qui ne s'y attendait pas du tout [Sayaka Kawamura]

Joo Su commençait à s’ennuyer. Sérieusement. Il avait appris par cœur son emploi du temps en moins de vingt minutes, et ne savait plus quoi faire d’autre. Des affaires trainaient encore ça et là, mais il n’avait pas envie de se baisser pour le moment. Sa flemme était passagère, il le savait. D’habitude, il était survolté, voir même parfois un peu trop. Cependant, tant que ses recherches ne pouvaient pas commencer, il ne pouvait rien faire d’autre à part attendre. Mais aussi, pourquoi son patron ne voulait-il pas qu’il pose des questions avant qu’il se soit bien intégré au lycée ? C’était franchement s’inquiéter pour rien. Il avait fait déjà une connaissance assez intéressante avec Eun Byul, et il savait qu’il ne tarderait pas à se trouver d’autres centres d’intérêts… Et il était pourtant tellement facile d’embrouiller les pistes !! Il aurait pu commencer par faire semblant d’être perdu, puis attendre qu’une âme charitable veuille bien lui rendre service, et ainsi, la conversation était beaucoup plus simple et n’attirait pas l’attention ! Il aurait fait couler ses questions pendant qu’ils marchaient, n’importe qui aurait crut que Joo Su était juste curieux. Mais non…le patron voulait d’abord que Joo Su se fasse connaitre de Fushigi avant d’enquêter…il allait devenir fou à ne rien faire. Il se laissa tomber sur son lit, et ferma les yeux. Ses mains tâtèrent autour d’elles, et tombèrent sur son appareil photo. D’un bond, il se releva. Mais oui !! Il mit une veste grise argentée sur son tee-shirt blanc, et serra la ceinture de son jean noir. L’appareil autour du cou, il se dépêcha de chausser ses converses avant de sortir prendre un bon bol d’air.


Niveau orientation…à revoir. Le jeune homme avança droit devant, puis reconnu le hall de l’établissement. Il tourna à gauche, et se retrouva dans la cour du lycée. Fushigi n’était pas un lycée ordinaire, ça se voyait. Tout semblait être parfait, jusqu’à l’herbe taillé au millimètre près. Il se rappelait son bahut, froid, presque sans vie, pas comme ici. Tout avait une place bien précise et tout était éblouissant…Joo Su n’était pas du genre envieux, mais là…ça frôlait les idéaux hollywoodiens. Bah, il n’allait pas s’en plaindre. Et puis, il savait que quelque chose d’étrange se déroulait ici, il le sentait. Et si sa section avait raison ? Mais pour Joo Su, qui était bien trop terre à terre, il lui fallait des preuves concrètes, solides. Des maudits…des êtres capables de contrôler des éléments, les plus simples comme les plus obscures…il fallait sacrément être secoué pour y croire. Mais après tout, la vie nous réservait bien des surprises. Qui vivra verra ! Ca Joo Su y croyait, dur comme fer.

Il s’approcha le plus possible des terrains de sport, et voyait de nombreux sportifs se défier les uns les autres. Leurs mouvements étaient souples, amples et précis. Il avait envie de photographier ces mouvements. Pour lui, les êtres humains n’étaient là que comme décors. La plus belle chose, c’était ce qu’ils pouvaient faire de ce corps. Il s’agenouilla, enleva la capsule qui protégeait l’objectif et chercha le meilleur moment pour prendre la photo. Joo Su attendit un moment, puis trouva la capture parfaite. Il avait choisit un élève qui maitrisait le ballon de basket avec agilité. Il le trouvait sur de lui et aucun de ses pas ne semblaient précipités. On voyait qu’il savait ce qu’il faisait. Joo su patienta, puis quand le joueur tendit la main en sautant, son doigt vint se placer sur le bouton.


La photo était prise. Joo su observa le résultat : le ballon était dans le filet, le joueur avait l’air concentré, ses membres arqués en une position qui signifiait qu’il avait utilisé une puissance suffisamment élevé pour contracter tous ses muscles. Joo Su avait appris à reconnaitre les détails, même infimes que pouvaient avoir les gens. Et c’était grâce à son coéquipier qu’il savait tout cela. Il formait une équipe parfaite : Joo Su était fait pour être sur le terrain, son collègue, lui, était un profiler de génie. Aussi, ils travaillaient toujours main dans la main. Il fallait l’avouer, il l’aimait bien son coéquipier. Il le respectait, et ce dernier en profitait. De quelques années son ainé, il prenait un malin plaisir à le faire tourner en bourrique.


Joo Su eut juste le temps de se tourner avant de se faire percuter par un étudiant qui courait à toute vitesse, fuyant un surveillant qui tentait de le rattraper. Joo Su avait réussi à rétablir son équilibre juste à temps, sinon, il serait tombé de tout son long, et aurait surement briser son appareil photo. Il grinça des dents pour ne pas hurler sur l’adolescent, mais vu la tête de l’homme qui le poursuivait, il savait que le jeune allait passer un mauvais quart d’heure. Aussi, il ne dit rien. Il aurait sa punition.

Le jeune policier se dirigea ensuite vers le joueur dont il venait de prendre une photo, et lui demanda s’il voulait bien lui donner l’autorisation de la garder. D’un sourire enjôleur, il le complimenta sur son style de tir plutôt intéressant. Le jeune rougit, et Joo Su sut qu’il l’avait dans la poche. Peut-être qu’il pourrait tenter une approche…plus intime. Soudain, il sentit un regard se poser sur lui, et se tourna brutalement. Son sourire se figea. Elle était là. A Fushigi. Elle l’observait, puis il vit son regard se poser sur le joueur derrière lui. Il se reprit et lui lança :


Il lui sourit, mais avait du mal à savoir ce qu’il allait se passer.

Journée pourrie ! C’était sur qu’aujourd’hui il allait se passer un truc, et quelque chose que Sayaka n’allait pas apprécier…Ce mauvais pressentiment poussa la jeune femme à tirer le drap en dessus de sa tête et à s’en faire un voile, ne laissant visible que ses yeux. Elle soupira en se recroquevillant sous les draps. Miyuki était partie tôt ce matin et rien que cela mettait le cafard à Sayaka. Elle n’osait même pas se redresser pour voir le capharnaüm qui régnait dans la chambre, le lit défait de Miyuki lui suffisait. Oh la flemme ! Une des grandes maladies du vingt unième siècle !

La jeune femme ferma les yeux dans l’espoir de se rendormir, au lieu de cela une mélodie arriva dans son esprit : une chanson qu’elle connaissait déjà. Où l’avait-elle déjà entendu ? Elle replia vivement son drap avec un énervement visible…Elle rampa sur son lit et gardant la tête sur le matelas, tata de la main le sol, cherchant son portable. Après une minute de recherche, elle le trouva enfin : 11 heures du matin. Ah…Miyuki était donc allée en cours. Sayaka n’y allait plus vraiment, elle avait déjà un métier. Pourquoi était-elle revenue au lycée alors ? Peut-être pour trouver une certaine stabilité, des limites aussi…Sayaka se redressa encore plus énervée : elle n’aimait pas trop penser à ses choix, de trop y penser apportait des regrets. Maintenant la possibilité de se rendormir était quasiment nulle.

Elle posa les pieds sur le parquet froid puis retourna se mettre en boule sous la couette, les jambes pliées et la tête repliée sur les genoux : non il faisait trop froid. Bon…il ne fallait pas exagérer, elle devait quand même se lever et bien qu’il faisait légèrement froid dans la chambre, il semblait faire chaud à l’extérieur. Elle devina sans mal que la personne ayant refroidit la chambre devait être elle, de plus, elle ne se souvenait pas d’avoir mis une couette sur elle. Cela devait être l’œuvre de Miyuki.

L’envie de voir sa sœur fut la plus forte : elle posa les pieds par terre et ouvrit la fenêtre, laissant entrer le soleil. Elle fila aussitôt sur la douche, rien de mieux pour se réveiller. Avec l’eau, le cerveau de Sayaka se remettait lentement en activité et avec ça, la réalité : on était samedi, Miyuki n’était donc pas en cours. Son estomac se serra, pourquoi ne lui avait-elle pas dit qu’elle partait, Sayaka avait toujours aussi peur d’être abandonné par sa jumelle. De plus, le lycée permettait aux internes d’aller et de venir en toutes libertés, ce qui évitait d’avoir un lycée vide et sans vie le week-end, elle pouvait être n’importe où.

Après avoir enfilé un pantalon très décontracté, un banal t-shirt, et des baskets en toile, Sayaka partit afin de rechercher la fugueuse. Elle prit les escaliers et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, elle se retrouva dehors. Elle laissa le soleil se poser sur elle et aspira à grande bouffées. Tout cela lui donnait envie de courir, d’oublier son mauvais pressentiment du matin et de se laisser aller. De plus, courir aiderait à la rapidité de ses recherches. Elle commença donc à trottiner, espérant faire le tour du lycée. Elle passa devant le terrain de sport et regarda un instant des élèves jouer au basket-ball et de regarder un élève courir comme un dératé alors qu’il était poursuivit par un surveillant. Sayaka baissa les yeux, laissant ses cheveux recouvrir son visage afin que le surveillant ne la reconnaisse pas. La jeune femme détestait toujours l’autorité et le surveillant lui aurait certainement fait remarquer son absence au cours.

Alors qu’elle redressait la tête, il lui sembla reconnaitre de dos un homme qu’elle avait presque oublié. Il parlait avec Takuya, un élève maudit, contrôlant la vitesse ce qui expliquer sa dextérité, sa souplesse et sa vitesse de jeu. Sayaka l’avait rencontrée lors d’un cours d’entrainement où ils avaient joué une partie de basket-ball mais une partie parodiée grâce à leur don. Takuya sembla apercevoir Sayaka car leurs regards se croisèrent, elle s’avança, curieuse de savoir si l’homme qu’elle croyait reconnaitre était bien celui auquel elle pensait. Mais ce n’était pas possible, n’est ce pas ?
Il se retourna et Sayaka manqua d’air (ce qui dans son cas est un peu ironique) : c’était bien lui. Elle retrouva assez d’air pour bredouiller :

- Ce…ce n’est pas mon…mon petit ami…

Joo Su se trouvait devant elle et elle avait du mal à y croire. Que faisait-il ici ? Un rapide retour dans ses souvenirs rappela à Sayaka comment ils s’étaient séparés. En fait, ils n’avaient jamais vraiment rompu : ils s’étaient enfuis chacun de leurs côtés, chacun à leurs façons. Sayaka se rappelait de cet appel qui avait fait tout basculer. Ces souvenirs amenaient tant de questions dont elle n’était pas sure d’avoir des réponses sincères.

- Ça faisait longtemps…

Sayaka était quelqu’un de franc et elle était sure que Joo Su s’en souvenait. Il devait donc s’attendre à devoir répondre à des questions, et vise versa…

- Qu’est ce que tu fais là ? dit-elle sans s'obliger à cacher la gêne que la présence de Takuya engendrait, sans parler de la surprise de la présence du jeune homme, qui d'après les souvenirs de Sayaka n'avait rien d'un lycéen.

Il lui semblait que la jeune femme avait l’air tout aussi déconcertée que lui. Comment réagir, comment se comporter face à l’autre ? Joo Su comprit alors qu’ils n’auraient jamais put s’entendre, car le simple fait de se trouver dans le même périmètre que l’autre les mettaient immédiatement mal à l’aise. La seule chose qu’ils avaient en commun, c’était leur complète harmonie au lit. Et pourtant, Joo su était difficile de ce point de vue là.

Lorsqu’il entendit la réponse hésitante de Sayaka, il sourit.


Alors pourquoi se regardaient-ils comme ça ces deux là ? Joo Su avait-il l’air terrifiant à ce point ? Il lui semblait pourtant avoir éveillé quelques émotions chez le jeune sportif. Serait-ce la venue de Sayaka qui l’aurait inquiété ? Le jeune policier fronça les sourcils, intrigué. Quand elle prononça les mots qu’il ne fallait pas, il se crispa, et les souvenirs refluèrent. Effectivement, cela faisait quelques mois déjà qu’ils s’étaient quittés, sans un mot d’au revoir ni d’explication. Sayaka avait cette attitude qui disait qu’il était difficile de l’approcher et de lui parler. Joo Su savait qu’elle était la dernière sur la liste qu’il irait voir pour qu’elle crache quelques informations. Elle était aussi fermée qu’une huitre. Aussi, il ne l’avait pas poursuivit quand elle était partie en laissant la porte de l’appartement grande ouverte, le portable de Joo Su sur la table basse, encore en communication avec son coéquipier. Il avait eut peur que son crétin d’ami policier ait divulgué des informations à la jeune fille, mais il avait affirmé n’avoir parlé que du rendez-vous prévu avec la section sur une affaire complexe qui n’avançait pas. Si Sayaka ne se posait pas de questions en ce moment même, alors c’est qu’elle avait complètement changé. Il était sur qu’elle se posaient le même genre de questions que lui sur elle. Et ce fut avec effroi qu’il entendit la question sur sa présence à Fushigi. Joo Su jeta un coup d’œil à l’étudiant qui était encore présent à ses côtés, et il se racla la gorge. Joo Su avait maintenant conscience du danger que représentait la jeune fille. Mais pas question de fuir, cela ne ferait que la conforter dans l’idée qu’il tramait quelque chose.

*Qu’est-ce que je fais là…vite, une idée…allez, t’es un génie, tu vas trouver. Je suis ici car…*


*p’tain, t’as pas trouvé mieux ? Tu crains mec, tu crains vraiment !*
Pourquoi il avait pas postulé pour devenir professeur ?! Hein ? Ca aurait été tellement plus simple…mais non…bah, il n’avait que 21 ans, donc il aurait put redoubler…quoi ? Trois fois ?
*t’es mort, j’te jure que t’es mort, tu peux pas lui mentir à elle, tu le sais mieux que personne !*
Il avait envie de se frapper le front contre un mur, malheureusement, il n’y en avait pas à proximité. Il passa la main dans ses cheveux, gêné, puis sourit. Il était bon pour afficher une expression assuré, même lorsqu’il était en pleine panique intérieur.


Joo Su posa sa main sur l’épaule de Sayaka et lui fit comprendre par un regard vers le lycée qu’il désirait lui parler dans un lieu sûr. Ils se dirigèrent donc, en laissant le jeune étudiant sur le terrain de sport, dans un coin où personne ne pourrait les entendre. Là, il s’arrêta, se tourna vers elle, et lui sourit humblement. Il savait qu’elle avait une excellente mémoire, donc, aucune raison de nier plus que nécessaire. Il comptait lui laissait croire que ce qu’elle pensait savoir sur lui était vrai.


Il savait qu’elle se demanderait si c’était de sa « section » dont il parlait.


*Allons, voyons comment tu vas réagir.*

Il se tourna vers le terrain où le basketteur avait repris son entrainement tout en regardant du coin de l’œil le visage de Sayaka.


Joo Su croisa les doigts des mains et des orteils mentalement.

Même après autant de temps sans l’avoir vu, Sayaka sentait que leur relation n’avait vraiment pas changée…Ils étaient toujours incapables de se dire les choses telles qu’elles étaient et tous les stratagèmes étaient bons pour cacher à l’autre sa personnalité, ses pensées et même ce que l’on était vraiment. Il ne fallut pas longtemps à Takuya pour comprendre que quelque chose clochait, en effet, Sayaka envoyait comme elle le pouvait des légères bourrasques de vent froid dans le dos de Takuya pour le faire partir mais peut-être trouvait-il ça drôle et pensait-il gêner Sayaka pour des questions plus romantique, du coup, il résistait aux bourrasques et ne semblait pas décidé à bouger. Sayaka arrêta d’utiliser l’air, il ne fallait pas qu’un élève normal se rende compte de quelque chose et surtout pas Joo Su. Il était bien trop curieux et il donnait de mauvaises excuses de sa présence. Elle n’en croyait tout simplement pas un mot, de toute façon, elle n’avait confiance en personne à part en sa sœur.

Ce fut à ce moment là qu’il se pencha pour lui murmurer quelque chose à l’oreille, ce qui renforça la méfiance de Sayaka et qui fit afficher un sourire pervers sur le visage de Takuya. Elle adorait jouer au basket avec lui mais il était comme Joo Su : bien trop curieux. Celui-ci posa alors sa main sur l’épaule de Sayaka, ce contact lui rappela leurs étreintes passionnées, le seul moment où ils étaient sur la même longueur d’ondes. Cependant le regard insistant de Joo Su ne lui permit pas de rêvasser plus longtemps.

Il lui fit ainsi des confidences, cependant Sayaka doutait de tout ce qu’il pouvait lui dire. Le coup de l’intégration était plutôt bien trouvée mais Sayaka se rappelait exactement des mots de son co-équipiers au téléphone : il avait parlé d’une section et à part dans l’armée ou dans un grand laboratoire, elle voyait mal où on pouvait parler d’une telle chose. Dans les deux cas, elle détestait cette idée car elle haïssait autant l’autorité que la science qui n’avait pas permis d’expliquer son don. Presque par automatisme après une longue réflexion, Sayaka remplaça le mot intégration par celui d’infiltration. La recherche d’information le confirmait. Joo Su devenait décidément de plus en plus dangereux.

Lorsqu’enfin il parla de rumeurs, le sang de Sayaka ne fit qu’un tour : que savait-il exactement sur les élèves maudits ? Elle avait peur du danger que représentait chaque discussion avec lui. Et alors qu’elle venait de retrouver sa sœur, elle ne pouvait concevoir d’être séparée d’elle parce qu’elle aurait trop parlé. Elle détestait aussi l’intolérance devant ce qui était différent et de ce qui n’était pas normal : des monstres comme tous les maudits, comme elle et sa jumelle. Un voile de tristesse passa momentanément sur le visage de Sayaka mais elle se reprit très rapidement et fut soulagée d’entendre parler de drogues.

Néanmoins il lui semblait bizarre que Joo Su ait intégré le lycée pour un trafic de drogue alors que l’internat avait des règles strictes (mises en place pour le secret et le bien-être des maudits) et qu’il aurait été plus simple d’être vendeur que acheteur de drogues. Pour devenir dealer, les qualifications n’avaient pas besoin d’être longues et après son tour du monde, Sayaka avait vu assez de drogue circuler pour savoir que les dealers pouvaient être n’importe où et n’importe qui. Cependant en vendre directement dans un lycée, à des lycéens qui souvent manquaient d’argent ou vivaient grâce à leurs parents ? C’était bien trop étrange…Et cette pensée n’allait pas seulement rester dans son esprit :

- Je pense que tu fais fausse route…La drogue dans un lycée comme celui-ci avec un internat avec des règles strictes ? Je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup en circulation…en tout cas, pas assez pour intéresser quelqu’un comme toi…

Voilà c’était clairement dit : Sayaka ne croyait en rien en ses histoires et elle comptait bien enfoncer le clou. Elle était prête à tout pour protéger sa sœur et cela voulait aussi dire protéger son secret et le meilleur moyen de le protéger c’était de l’approcher au plus près : si tu veux cacher un truc, cache le dans le lieu où tout le monde s’attend à le chercher. Joo Su n’était pas quelqu’un de simple et il serait surement désarçonné si elle lui parlait elle-même des maudits.

- De plus, tu te trompes de rumeurs…J’habitais près d’ici avant et j’ai entendu des rumeurs farfelues sur des fantômes, des accidents inexpliqués, des gens avec toute sorte de pouvoirs. Mais rien de vrai…depuis que je suis ici, ce lycée ressemble plus à un havre de paix qu’à un lieu réservé à des monstres…

Il était temps de la jouer fine et Sayaka lui lança un regard des plus noirs, elle ne se rappelait pas l’avoir un jour menacé mais le message était clair.

- Ce lieu m’a apporté bien trop de bonheur pour que je laisse quiconque le détruire. Cependant on peut difficilement faire quelque chose contre les rumeurs.

Tandis qu’elle disait ces mots, l’image de sa sœur et celle de Tamaki passa dans son esprit et un sourire criant de sincérité, que Joo Su n'avait pas du souvent voir, s’épanouit sur ses lèvres : pour la première fois, elle se sentait bien quelque part et s’il fallait s’opposer à lui pour protéger son bonheur et celui de sa soeur, elle n’hésiterait pas une seconde.