Tout en chanson... [Miyu]

Miyuki avait encore une fois disparue de leur chambre. Cela énervait au plus au point Sayaka car la peur la tétanisait. Elle se réveillait depuis quelques jours en découvrant la chambre vide et une armoire mis en vrac. Chaque matin, Miyuki semblait être dotée d’une énergie dont Sayaka ne se sentait pas capable et l’armoire où se trouvait tous leurs vêtements devenait un champ de bataille. Elle s’énervait donc tous les matins, cependant dès qu’elle croisait le visage enjoué de sa sœur lui montrant son plus beau sourire, elle ne pouvait rien faire d’autre que de sourire à son tour et toute sa colère s’évanouissait.

Sayaka se mit donc à penser où pouvait se trouver sa sœur, elle pensa tout de suite au chant. Après tout, sa jumelle passait le plus clair de son temps à chanter et à s’entrainer. Pour cela rien ne valait la salle de spectacle ou la salle de musique de l’école d’art. Elle opta pour la salle la plus petite, la seule salle qui permettait de s’entrainer tranquillement. Elle ne perdit pas de temps pour s’y rendre. La porte des salles étaient insonorisées et un seul hublot permettait de voir la pièce. Sayaka vit sa sœur de dos et pour ne pas la déranger, elle entrebâilla la porte. La voix de sa sœur atteignait donc les oreilles de Sayaka et elle ne put s’empêcher de sourire. Elle respectait le don de Miyuki : aussi bien celui de l’eau que celui du chant. Elle était fière d’elle et de ce qu’elles avaient parcourut même en étant chacune l’une sans l’autre.

La jeune femme avait tout de même peur d’écraser de sa présence sa sœur. En effet, elle la collait mais elle ne s’imaginait pas vivre sans elle encore une fois. Pourtant si Miyuki rencontrait quelqu’un…le cœur de Sayaka se serra. Pourtant elle-même était heureuse d’être seule avec Tamaki sans être avec sa sœur. Ce n’était pas qu’elle était une gêne mais elle préférait être seule avec Tamaki, Sayaka ne put s’empêcher de rougir à la pensée de l’hôte. Néanmoins elle ne pensait pas être amoureuse puisque de toute façon, l’amour n’existait pas. Devait-elle en parler à sa sœur ? Elle passa la tête entre l’entrebaillement de porte et celle-ci grinça. Les oreilles de sa jumelle habituées au chant et à l’écoute devait avoir remarqué le grincement car elle s’arrêta de chanter. Sayaka s’approcha d’elle et passa ses bras autour de la taille de Miyuki. Celle-ci ne sursautait jamais lorsqu’elle faisait cela, peut-être que leur présence respective n’était pas ressentie comme une menace car après tout, elle avait passé neuf mois l’une à côté de l’autre.

- Tu étais donc là…

(Désolée du retard Aya ^^’)

Miyuki débordait d’une énergie qu’elle était presque incapable de canaliser. C’était comme si son métabolisme la secouait dans tout les sens en lui disant : « allez, debout là-dedans ! C’est fini la siestouille, on est le matin ! » chaque jour de sa vie. La jeune femme vivait cela depuis qu’elle avait retrouvé sa moitié, sa chair, son cœur… elle se sentait comme renaitre à nouveau. Et l’eau ne l’aidait pas beaucoup. A chaque fois qu’elle prenait la douche, le liquide semblait répondre aux appels de surexcitation de son corps. Le plus souvent, lorsqu’elle sortait après s’être relaxée, la salle de bain était complètement inondée.
Heureusement, le lycée Fushigi est là pour m’aider…, pensait-elle dès qu’elle commettait une petite catastrophe.

La jeune femme était à présent en face de son armoire, en serviette de bain, à savoir ce qu’elle allait enfiler pour la journée.

- Aujourd’hui pourrait être un jour spécial…et si je le rencontrais à nouveau ? Murmura-t-elle pour ne pas que sa jumelle ne l’entende.

D’habitude, Sayaka avait un sommeil lourd, mais parfois, elle la réveillait en s’exclamant trop fort. Il lui suffisait alors de la câliner ou de lui faire son plus beau sourire pour éviter la colère de sa sœur. Le pire était quand elle trouvait la chambre après le passage de Miyuki, là, elle avait tôt fait de s’esquiver avant. Elle pointa du doigt un habit et se concentra intensément. Le jean en question trembla un peu, se déplia, puis se présenta devant elle. Miyuki fit une moue d’estimation, puis d’un geste, fit valdinguer le vêtement dans la pièce. Elle aimait utiliser son talent de télékinésie pour n’importe quoi. Une demie heure plus tard, elle était fin prête. La jeune lycéenne avait opté pour une robe noire arrivant au dessus du genoux, avec un gilet à manches courtes blanc et son pendentif identique à celui de sa sœur bien en vue grâce au léger décolleter. Elle se tourna vers la forme immobile située sous les couvertures après avoir regardé un peu le désordre qu’elle avait mis.

- Mouais, je devrais vite décamper avant que Aya ne se lève et ne me fasse trépasser par la tempête divine, dit-elle en voyant l’état du lit où dormait encore sa jumelle.

Elle se pencha au dessus du visage serein de Sayaka et embrassa tendrement sa joue.

- Je t’aime de tout mon cœur.

Et elle disparut. Miyuki avait envie de chanter, et quand l’envie la prenait, elle ne pouvait faire autrement que de répondre à l’appel. Elle traversa nombres de couloirs, pour enfin arriver aux salles réservées aux musiciens et chanteurs. Elle chercha dans toutes les pièces possibles, puis soupira.

- Alors il n’est pas là aujourd’hui…

Depuis quelques semaines, elle désespérée de rencontrer une nouvelle fois cet artiste. Elle ne l’avait vue que quelques fois, mais dès qu’elle arrivait à capter son regard, il s’empressait de partir. Pourtant, Miyuki voyait clairement que dans ses yeux, il y avait aussi le même intérêt qu’elle lui portait. Une fois, elle avait utilisé la petite salle pour s’entrainer tranquille, et en sortant, elle l’avait vu assis contre le mur, les yeux fermés. Quand elle s’était approché, il s’était relevé soudainement, s’était excusé de l’avoir écouté sans son autorisation, et avait pris la poudre d’escampette. Elle avait appris son nom et sa passion du chant en fouinant un peu partout autour d’elle. Kang Dae Kim…un coréen donc… était-il un maudit, comme elle ? Elle secoua la tête, puis se dirigea d’un pas presque automatique vers la salle la plus éloignée, pour être tranquille.

Miyuki ferma les yeux dès qu’elle enclencha le bouton du disque. Elle laissa le son imprégner tout son être. C’était une nouvelle mélodie qu’un élève de Fushigi avait réalisé, et il lui avait demandé de l’utiliser pour compléter le futur album qu’elle comptait sortir. Cela faisait quelques temps qu’elle y avait travaillé, et avait trouvé les paroles idéales. Sa voix emplie toutes les cavités de la pièce, jusqu’à revenir vers elle. Elle aimait cette sensation d’être engloutis par le propre son de sa voix. C’était presque indescriptible. Soudain, un bruit l’alerta et elle s‘arrêta de chanter. Miyuki sentit qu’on s’approchait, mais ne fit rien pour se retourner. Quand le souffle de Sayaka chatouilla le creux de son, elle soupira d’aise. Cela lui faisait toujours un bien fou de l’avoir contre elle. Elle lui redonnait une force nouvelle.

- Oui, j’avais envie de m’exercer un peu. Ma voix est un peu rouillée ces temps-ci.

Elle se retourna et nicha son visage dans le cou de sa jumelle.

- Désolée pour le champ de bataille…tu n’es pas trop en colère ? Chuchota-t-elle.

La jeune artiste sentit un souffle frais l’envelopper. OK, message reçu.

- Heu…je ferais attention la prochaine fois, promis ^^’

Enfin, si elle y pensait…Elle se rendit compte que cela faisait un moment qu’elles n’avaient véritablement parlé toutes les deux. Elle se dégagea de l’étreinte de sa sœur et s’assit sur un des deux tabourets moelleux qui se trouvaient dans la salle.

- Ecoute, j’ai quelque chose à te dire… depuis que Evan Yo et moi avons rompus, j’ai décidé de ne plus avoir de relations avant d’être sur que la prochaine sera durable. En ce moment, un élève d’ici m’intrigue… Si je sors tout les matins de bonne heure c’est pour espérer le croiser… mais ne pense pas pour autant que je t’abandonne, car vivre à nouveau loin de toi, ce serait ma mort assurée.

C’était vrai, sans sa sœur, elle n’était plus rien. Son absence signifiait sa fin. Elle était perdue sans elle. Mais elle savait que cette possessivité n’était peut-être pas du gout de sa jumelle. Aussi, se lança-t-elle :

- Me le dirais-tu si je t’envahissais trop ? Si je suis trop souvent collée à toi ? Si ma présence te gêne parfois ?

C’était tout ce qui comptait pour Miyuki, s’était de ne pas perdre l’estime qu’avait sa sœur pour elle.