Part 2 : Visite de Séoul

Ça faisait deux jours depuis que Ji Hoon et Joo Su s’étaient battus, deux jours qu’Eun Byul était totalement désorienté et ça son frère s’en était rendu compte. Le lycéen passait pourtant du temps avec son petit ami comme si de rien était, comme si cette douleur en lui n’était pas ça. Il avait peut-être été un brin distant mais ce n’était pas de sa faute. A vrai dire, il avait peur de le toucher, c’était bête, mais il avait l’impression qu’à chaque contact il le trahissait un peu plus.

Dans l’après-midi, l’ainé des jumeaux avait réussi à être seul avec son beau-frère. Bon okey, il avait envoyé son frère cherché de quoi boire. Ca l’énerver d’être au milieu de cette situation bizarre où aucun des deux ne faisaient d’effort. Bordel, les épreuves ça se surmonte à deux, pas tout seul dans son coin à risquer la vie du couple pour une révélation – fracassante certes – Sang Eun ne pouvait tolérer encore un seul instant sentir sa moitié s’en vouloir, se remettre la faute dessus ni encore moins d’être triste à l’idée d’avoir fait subir son calvaire à son homme et d’être responsable de tout ce foutoir. Ce con de flic avait déjà fait le coup de l’abandonner quand il avait su pour ses dons, interdiction que ça se passe une nouvelle fois

« Tu devrais ouvrir les yeux. J’me demande c’que tu fous dans la section spécial de la police si t’es pas capable de comprendre ce qu’il ressent. Met toi à sa place ou tu le regretteras… » Dit-il en se levant sans lui lancer un regard.

Ce soir-là, il l’avait rejoint pour finir la nuit avec lui. Il passa une main dans ses cheveux et embrassa sa joue, oui, il s’en voulait, il avait envie de pleurer dès qu’il le voyait mais il se retenait. De toute façon, il devait se faire des idées, Joo Su l’aimait et il ne l’accuserait pas d’être l’auteur de tous ses maux. Il voulut se rassurer lorsqu'il dit :

« Demain on sort d’accord ? On va profiter de ces vacances » Avant de l’embrasser doucement tout en se blottissant dans ses bras pour dormir.

Le lendemain arriva bien vite, surtout quand Eun Byul avait décidé de faire visiter la Corée à son petit ami pendant les vacances. Pauvre policier… Les voilà debout vers six heures du matin pour une journée pleine de rebondissement. Eun Byul laissa quelques minutes de plus à son homme le temps de faire cuire le riz et les œufs. Ici pas de soucis, il utilisait le super cuiseur de riz de son père. Une fois le petit déjeuner copieux servis, le jeune homme réveilla son amoureux.

« Allez, debout, le bus part dans une heure, tu pourras dormir dedans, hum ? » Murmura-t-il

Une fois le petit déjeuner et la douche prise, les amoureux se rendirent à la gare routière. Chose à savoir quand on vit en Corée c’est que les cars de luxes sont bien moins chers que les voyages en trains et bien plus confortable. Et conduire en Corée, c’est comme tenté de conduire avec des aveugles autour de soi qui ne connaissent pas la pédale de freins. Ok… On avoue que les Coréens ne savent pas conduire du tout.
Une fois installé dans le car, le lycéen poussa un petit soupir, il était mal à l’aise depuis des jours mais essayait de ne pas le montrer. Il s’était passé trop de chose en si peu de temps que son cerveau venait de lui dire : Laisse-moi du temps, je dois redémarrer. Pendant le chemin, il s’était endormit et on voyait qu’il était un brin perturbé. Une fois le trajet terminé, il sortit du car avec son petit ami et entama la route pour aller vers le temple. Huit kilomètres de pentes foireuses et d’escalier sans fin et ils y seraient ! Une fois le diabolique chemin franchis, ils se retrouvèrent face à un magnifique porte qui annoncé l’entrée dans le temple. Eun Byul adorait ce genre d’endroit, c’était calme et perdu au milieu de nulle part, ce n’était pas la folie comme dans Séoul !
Un instant plus tard ils se retrouvèrent dans une grande cours où se trouvait une énorme cloche ainsi qu’un dragon et quelques mètres plus loin, un décor fait de lanterne. Autant déposer un mot ce dit-il, ça ne coutait que mille wons ( voir rien si on ne veut pas payer ) et ça portait bonheur disait-on. Eun Byul entraina Joo Su avec lui et déposa l’argent avant de prendre un petit bout de papier et d’y écrire : En espérant que cette histoire ne se termine jamais.

Le lycéen entama ensuite la visite du temple avec son chéri, autant lui raconter ce qu’il savait sur celui-ci, sa mère l’emmenait souvent ici. Il se rappelait meme s’être fait engueuler par un moins parce qu’il était rentré dans une salle de prière sans lever ses chaussures.

« C’est Beojusa, il a été construit en 533 durant le royaume de Silla, tu connais un peu l’histoire de la Corée ? C’est un des trois royaumes et c’est celui qui à unifier le pays. Il a été détruit pendant Imjinwaeran, c’est les invasions japonaises du 16ème ou 17ème siècle. On a mis un siècle pour le reconstruire. Dans le batiment la-bas, y’a  Maaeyeorae-uisang, c’est une statue de Bouddha qui mesure 23 mètres. Y’a aussi la pagode à voir, c’est la seule comme ça dans le pays ! »

Fan d’histoire de son pays, pas vraiment, mais il se disait que ça pouvait intéresser son petit ami comme ça l’avait intéressé quand sa mère lui avait raconté. Bon ok, il ne racontait pas aussi bien mais l’intention y était. Les amoureux avaient bien mit plus de deux heures pour tout visiter mais ce temple valait le coup d’œil. Une fois la visite terminée et les photos par dizaines prisent, ils reprirent le car, l’après-midi et la soirée seraient réservée à la découverte de Séoul. Mais bon, il fallait d’abord s’occuper de leurs ventres qui criaient famine. Il n’était pas loin d’être treize heures quand ils arrivèrent.

« J’ai faim… j’veux manger kalbi, on y va ? »

Les voilà partit pour manger dans le meilleur restaurant de grillades de Gang-Nam ( la gare routière principale est à gangnam ). A peine installé, la serveuse mena les banchans (les plats d’accompagnement avec le kimchi, souvent du radis jaune, du piment et pleins de petits trucs) et deux bouteilles de Soju (alcool). Comment ça les Coréens sont des alcooliques ?! Pas du tout, il ne faut pas mourir de soif, c’est tout. Puis pour accompagner les grillades, y’a pas mieux ! Parole de Coréens.
Les deux amoureux mangèrent pour 10 – oui tu ne manges pas pour moins en Corée… Ils doivent penser que t’as un monstre dans l’estomac – et discutèrent de leur projet de l’après midi et de la soirée.

« On va un peu balader hum, le temps de digérer, après on ira voir la cérémonie de changement de garde au palais royal, c’est pas très loin. Ce soir, on ira à HongDae, y’a toujours des trucs à faire là-bas »

Il avait l’air heureux, mais non, il voulait faire des trucs plutôt que rien faire et cogiter en se demandant quand le policier lui dirait que tout était fini, qu’il ne voulait pas jamais le voir parce qu’il avait « détruit » sa vie. Le lycéen lança un petit sourire à son amoureux avant qu’ils sortent du restaurant pour se balader.
Ils avaient marché un petit moment, sans vraiment parler – et Eun était doué au jeu du mutisme – tout en découvrant la statue du roi Sejong, créateur du Hangeul ainsi que celle de l’amiral Lee, sauveur de la Corée. C’était environs seize heures quand ils observèrent la cérémonie de changement de garde du palais royal. C’était quelque chose à ne pas manquer. C’était impressionnant ! Mais bon, maintenant, il fallait occuper le temps jusqu’au soir. Ils décident ensemble d’aller boire un verre pour se mettre d’accord sur quoi faire avant la visite du quartier artistique de la ville.

Les amoureux s’installèrent à une table d’un petit café, le jeune homme était toujours mal à l’aise, triste, perdu. A tel point que des larmes glissèrent sous ses yeux alors que Joo Su venait de récupérer un Patbingsu – c’est de la pâte de haricot rouge avec une boule de glace vanille et de la glace pilée – Eun Byul sursauta en les sentant et surtout en voyant que Joo Su aussi les avait vues.

« C’est rien » Dit-il en essuyant ses yeux. « Je suis désolé, j’aurais pas dû te gifler avant-hier, j’ai pas réfléchit. Je… Excuse-moi. »

Comment essayer de ne pas éveiller les soupçons sur les vrais raisons de cette « crise de larmes ». Il s’en voulait certes, mais pas que pour ça, mais plutôt parce qu’il lui avait causé que des ennuis depuis qu’ils se connaissaient, dont le plus grave était de lui avoir refilé son don. Il aurait aimé que ce jour n’arrive jamais, il en était meme arrivé à avoir envie de ne jamais l’avoir rencontré, au moins il n’aurait jamais souffert par sa faute. Jamais…