Part 1 : La rencontre

Quelle dure épreuve de faire ses bagages pour aller en Corée. Une seule valise de moins de 30kg, où comment frustrer un jeune adolescent fan de mode qui refuse de se séparer de sa montagne d’habits. Il se rappelait que ça avait failli finir en dispute avec son homme, voir en crise de larme parce qu’il ne retrouvait plus son super pull maillé… Bon, quelques minutes avant l’arrivée du taxi, Eun Byul avait réussi à fermer sa valise, elle faisait 25kg.

Sur le chemin entre chez Joo Su et l’aéroport, le lycéen fut vraiment excité, à tel point qu’il sentit un regard noir lui disant de se calmer illico. Le garçon avait gonflé les joues, marmonner contre l’autorité au pouvoir et avait fini par se tenir un peu mieux. Il avait hâte d’arriver, comme il avait aussi hâte de repartir. Il savait que sa mère allait lui foutre une honte pas possible mais pas grave, il serait en Corée avec son homme.
Une fois les bagages enregistrés, Eun commença a clairement se rendre compte que : Ses parents allaient rencontrer son petit ami. Et le voilà entrain de paniquer pour pas grand-chose.

« J’suis bien habillé hein ? Faudra passer au magasin prendre un gâteau… Non, papa a dû en faire un ! Ou maman T_T Je veux plus y aller ! On peut rentrer hein ? »

Il sentit des bras protecteur l’entourer et ça le calma presque instantanément. Il se serra fort contre lui avant de s’écarter doucement.

« Merci d’être là… »

Une fois dans l’avion, le jeune homme lâcha un long soupir, à vrai dire, Joo Su ne connaissait pas grand-chose de lui. Autant lui raconter quelque trucs, en deux heures trente, il aurait largement le temps.

« Tu sais, j’habite à Gang-Nam… Tu connais un peu Séoul ? C’est le quartier le plus riche juste en dessous du fleuve Han. Papa tient un restaurant gastronomique français et maman est professeur dans une université et elle travaille aussi dans un hakwon, mais tu ne dois pas connaitre. Elle enseigne le Français, elle est née en France. C’est compliqué à apprendre » dit-il en gonflant les joues. « Hum… Sinon, j’ai pas ma chambre à moi à Séoul, je dors avec Sang Eun et j’suis pas sûr que papa et maman veuillent bien que je dorme avec toi, mais t’inquiète je te rejoindrais dans la nuit ! J’ai pas envie de dormir avec lui, la dernière fois il m’a tapé dans les côtes, ça fait mal. Et puis… »

Il fallait parler de Ji Hoon et de cette manie à faire un détour monstre pour espérer ne pas le croiser. C’était impossible pour lui de le voir, il avait encore bien trop mal, même si trois ans c’était écoulé, il avait toujours l’impression que son cœur s’arrachait quand il l’apercevait.

« J’habite tout près de chez Ji Hoon, mon… Enfin, mon ancien meilleur ami. Je veux pas passer devant chez lui, ni même par les rues qu’il prend. Je veux pas le voir. Je peux pas, j’en ai pas la force. J’ai encore mal quand je le vois. Il sait pour ma famille et moi et… Et il plus voulu me voir, en disant que j’aurais jamais dû lui dire, que j’étais un monstre… Qu’il ne voulait plus entendre parler de moi. On fera un petit détour pour rentrer si mes parents ne sont pas venus nous chercher, ne m’en veux pas, je veux vraiment l’éviter. »

Il embrassa sa joue doucement tout en discutant de ce qu’il ferait durant leur vacance à Séoul. Déjà, réussir à fuir ses parents serait une bonne chose.

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Une fois arrivée et la douane et tout le reste passé, les deux jeunes amoureux arrivèrent enfin dans le grand hall de l’aéroport et sans même qu’il puisse faire trois pas, une femme, assez jeune le pris dans ses bras

« Mon amour t’es enfin arrivée… Ton vol a eu du retard, tu m’as manqué. Ton cadeau est à la maison, j’espère qu’il te plaira »
« Maman, tu m’étouffes, et merci, la rencontre avec Joo Su » marmonna le lycéen en essayant tant bien que mal de s’écarter.

Na Eun relâcha enfin son fils avant de se présenter correctement à son gendre.

« Je suis Na Eun, sa mère, je suis enchantée de te rencontrer, tu es exactement comme il t’a décrit. J’espère que tu passeras un bon séjour avec nous »
« Dis tout de suite que j’t’ai saoulé avec lui au téléphone… »
« C’est le cas, bon allons-y, ton père à préparer un festin pour le repas ! »

Ni une ni deux les voilà dans la voiture direction Gang-Nam, il y en avait approximativement pour une heure en comptant les embouteillages propres au quartier, Eun se sentait un peu coincé, ça sentait les questions foireuse typique de sa mère. Le trajet risquait d’être long… Très long.

« J’espère que mon fils ne te cause pas trop de soucis… Il est adorable, mais c’est un vrai petit coquin »
« Maman T_T »
« Pschitt, laisse-moi parler avec Joo Su ! Eun m’a dit que tu étais policier, je suis contente que tu aies pris des congés pour venir nous voir. Je suis désolé de t’avoir forcé la main, mais j’avais vraiment envie de voir qui faisait sourire mon fils de nouveau. Il m’a aussi dit que tu savais pour nous, ça tombe bien, parce que Sang Eun est en crise… »
« Hein ? »
« Et bien… Il a tracé une ligne devant votre chambre en disant qu’on devait pas s’approcher plus près. Je crois que son empathie recommence à se développer. Bref, il redevient asocial. Mais bon, ça va finir par passer »

Eun laissa échapper un petit rire, il serait encore de corvée pour le nourrir et s’occuper de lui, vu qu’ils étaient déjà proche grâce à sa télépathie.

« Revenons à nos moutons, Eun m’a dit que vous vouliez vivre ensemble. Mon mari se fera une joie de vous aider, ça ne fera que du bien aux garçons d’être un peu plus séparé. »
« Je sais très bien vivre sans Sang Eun… J’vois pas de quoi tu parles. »
« C’est pas ce qu’il m’a dit, t’as passé des heures au téléphone avec lui et que quand tu dors chez vous t’as tendance à finir la nuit dans son lit. »
« J'vais l’étriper… »

Bien sûr qu’il était trop proche de son frère… Leur lien était bien différent de celui de simples jumeaux. Eun Byul avait besoin de lui, de le voir, de l’entendre, de le toucher sinon il allait mal et ça se voyait. Ayant tendance à le fuir quand il vivait avec lui, ce ne fut pas le cas lorsqu’il avait décrété qu’il vivait chez son homme pour une durée indéterminé. Bien sûr, il ne l’avait pas dit à Joo Su, mais sa mère venait de le faire. Crise de jalousie en vie ? En tout cas, il savait qu’il allait se prendre une remarque tôt ou tard. Pas grave, un bisou et un câlin plus tard l’histoire serait surement réglée. Puis comme il lui avait déjà dit, Sang Eun était très important dans sa vie, il allait devoir le supporter quoiqu’il arrive.
La vie de policier était dure, très dure… Surtout quand on s’attache à un certain Eun Byul Park

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Enfin arrivée chez eux…
Eun Byul concurrençait les tomates à force de rougir suite aux promesses de sa mère : montrer ses albums photos et lui faire des petits commentaires sur ce qu’il adorait, détestaient. Bon sang, ce séjour serait bien trop long pour qu’il reste crédible aux yeux de son homme.

Le garçon sortit de la voiture et récupéra sa valise tout en fuyant vers l’entrée de la grande maison des Park. La famille avait un petit bout de jardin avec piscine et une maison à deux étages au cœur même de Séoul, autant vous dire qu’on est pas chez n’importe qui.
On sentait déjà une bonne odeur de nourriture sortir de la maison. Le repas s’annonçait royal et Eun adorait ça. Ah la gastronomie et ses plats plus bons les uns que les autres. A peine entrée, les amoureux pu apercevoir une jolie table et un papa s’activer dans la cuisine.

« Viens on va poser nos affaires hum ? »

Un escalier plus tard, le jeune homme conduisit son amoureux à sa chambre pour le séjour.

« Je t’abandonne 5 minutes, j’vais poser mes affaires et voir s’il va mieux » Dit-il avant de l’embrasser et aller dans sa chambre.

Le lycéen se retrouva face à son frère qui était allongé les yeux fermé en pestant contre le monde. C’est que ça allait mieux, il devait juste avoir une migraine de la mort, mais tout c’était calmé.

«  Je suis arrivé ♥  Maman m’a dit que t’étais en crise, ça va mieux ? »
« Oui, j’ai juste mal à la tête… On va manger ? »
« Oui… Debout ! Vite ! »

Les deux jumeaux sortirent en cœur de leur chambre et Eun Byul se faufila dans la chambre d’ami. Il se colla a son homme et ferma les yeux quelques instants.

« Je suis content… »

Si Joo Su avait su dans quel guêpier il allait se fourrer, vous pouvez être certain qu’il aurait pris ses jambes à son cou au bon moment. Seulement, à cet instant précis, il ne pouvait rien faire d’autre que regarder ses chaussures, se focalisant sur une tâche imaginaire et priant pour que la terre s’ouvre sous ses pieds afin de disparaitre. Jamais, au grand jamais, il ne s’était senti aussi minable. Pas même lorsque, il y a de ça des années, son propre père avait la fâcheuse habitude de le prendre pas le col de son tee-shirt en lui criant de monter dans sa chambre avant que ça chauffe pour son derrière, comme toujours lorsqu’il avait fait une bourde plus grande que la fois où il avait fait brûler le cabanon du jardin en jouant aux pétards… Un neurone de son cerveau, apparemment le seul qui n’était pas mort de honte ou de culpabilité, lui disait qu’il fallait toujours qu’il en fasse une tartine pour pas grand-chose…

Pourtant, Joo Su, assit sur le canapé de ses beaux-parents, admirait toujours ses chaussures comme si c’était un aimant dont il ne pouvait détourner le regard. A ses côtés, Eun Byul bouillait de se lever et de dire ce qu’il pensait de toute cette situation. Joo Su eut un léger geste de la main vers lui, pour lui signifier que c’était inutile. Avec un élan de courage, de bravoure, ou d’envie suicidaire, il releva la tête et fixa de ses yeux noisette son beau-père qui semblait faire preuve d’une patience hors du commun pour ne pas le noyer de l’intérieur.

Bon, c’est vrai, il y avait eu quelques bévues qu’ils avaient omis de leur révéler, mais c’était pour éviter ce genre de situation gênante où un homme voulait en tuer un autre. D’un regard, Joo Su comprit qu’on lui laissait le moyen de s’expliquer.
Il  se racla la gorge très peu gracieusement, tentant de reprendre du peu de dignité qui lui restait avant de tenter de défendre leur cause.





Quelques heures auparavant.

- Vos valises sont enregistrées, messieurs.

La voix de l’hôtesse sortit Joo Su de sa torpeur. Son anxiété démesurément trop élevée pour que son amoureux ne le remarque pas, il desserra lentement ses doigts ancrés entre ceux d’Eun Byul pour se diriger vers le lieu d’embarquement. Avait-il déjà  spécifié qu’il n’avait pris l’avion ? Non ? Bah maintenant, toutes les personnes qu’ils croisaient pouvaient le deviner sans problème. On avait beau le rassurer, il se disait que ce n’était pas naturel de voler dans les airs dans un appareil mécanique qui pouvait faire des siennes quand bon lui semblait. Avec un soupir angoissé, il s’assit à sa place, côté fenêtre, et ferma les yeux ; espérant que le temps passerait plus vite ainsi.

Le trajet en voiture avait eu le don de stresser davantage notre policier. D’une part parce qu’Eun Byul était intenable, ce qui lui valu un regard noir, d’autre part parce qu’ils avaient tous les deux des angoisses presque impossibles à cacher. L’un avait peur des retrouvailles et de ce qu’allaient penser ses parents de son amant, ce dernier flippait à l’idée qu’ils ne l’accepteraient peut-être pas, et qu’ils découvriraient toutes les emmerdes dans lesquelles Joo Su avait parfois fourré leur fils… C’était sans parler de la transfusion sanguine qui risquait fort de créer un esclandre…
Alors, avec tout la force de caractère qu’il possédait, il tentait de paraître le plus serein possible auprès de son petit ami, pour arriver à le calmer, et, qui sait, se calmer lui aussi par la même occasion… Alors il tint quelques temps son amant contre lui, lui insufflant du courage et de l’amour, bref, ce qu’il avait en poche pour tenter d’arrêter cette artémie qui menaçait son cœur.  
C’était sans compter sur les bouchons, qui avaient finis par les faire presque courir dans l’aéroport pour finalement arriver essoufflés jusqu’à l’enregistrement des bagages. La tension n’avait cessée de croitre et Joo Su comptait profiter des quelques 2h30 de voyage pour se ressaisir.

Sauf qu’Eun n’avait pas prévu la même chose. C’était bien beau de lui donner des renseignements sur sa vie avant d’atterrir dans son pays d’origine, mais là, ça ne faisait que propager les angoisses jusqu’au cerveau du policier, qui manquait d’éclater. Une fois l’avion en plein vol, Joo Su avait pu reprendre son souffle et avait fait son possible pour se concentrer sur les paroles de son compagnon, qui lui racontait comment son meilleur ami l’avait laissé tomber pour une raison discutable mais compréhensible pour beaucoup.

Et dire qu’il se grillait une cigarette il y a à peine quelques heures… serein et prêt pour l’aventure… Vraiment, il était une vraie girouette, comme Eun Byul, c’est à croire que ça faisait partie des caractéristiques des gays…

Le tendre baiser de son amant sur sa joue fit envoler toutes appréhensions en un éclair. Il soupira de soulagement. Eun Byul était comme son médicament. Il risquait fort d’avoir du mal à le lâcher une fois chez ses parents.

Lorsque l’avion amorça la descente, Joo Su sentit son cœur battre plus vite, mais avec moins d’angoisse qu’auparavant. Il avait réussit à calmer ses nerfs en câlinant son petit ami tout en apprenant des futilités sur Séoul. Une fois dans le hall de l’aéroport, la douane franchie et les valises en main, une jeune femme, d’un charme naturel et d’une élégance discrète happa Eun Byul contre elle. Joo Su, par respect, se tint un pas en arrière, pour permettre les retrouvailles. La mère de son petit-ami avait un visage avenant et doux, mais dans ses yeux se reflétait une espièglerie dont avait sans aucun doute hérité son fils. Lorsque, gêné, ce dernier se retira du cocon de sa mère, Joo Su avança d’un pas et se présenta avec charme et naturel. Cette femme avait le don de le mettre à l’aise, il décida donc qu’elle serait une alliée de taille pour affronter le géniteur. Il ne savait pas encore à quoi s’attendre. Il sourit aux remarques le concernant et répondit en coréen courtoisement :

- Je vous remercie de m’accueillir au sein de votre famille. Je suis sûr que le séjour sera parfait.

En observant les réactions de la jeune femme, il comprit que son charme avait fonctionné. Sa voix s’était faite de velours. Ce n’était qu’une tactique un peu frauduleuse pour gagner le cœur de sa belle-mère. Une étincelle dans les yeux rieurs et des joues légèrement rosissantes, il comprit qu’elle avait bu ses paroles comme une louange. Avec à peine l’ombre d’un remord, Joo Su les suivit jusqu’au stationnement du véhicule familial. Une fois installée dans la voiture, il écouta attentivement les échanges entre Na Eun et son fils, souriant parfois, grimaçant lorsqu’il s’agissait de Sang Eun. Joo Su avait encore en bouche le gout amer de la tentative foireuse de le faire souffrir et de la dispute qui avait suivie. Il commençait à peine à se faire à l’idée de partager son amoureux avec un frère jumeau pète-cou*lle alors à l’idée qu’ils soient proches autant que pouvaient l’être des amants, sans acte charnel, ça avait forcément des répercussions sur son moral. Joo Su croisa les bras, gardant un sourire de façade tout en se mordant méchamment la joue pour ravaler des mots forts peu distingués. De toute façon, il allait devoir s’y faire, il le savait. Un jour, il s’y habituerait.
Bizarrement, il se sentit plus rassuré de savoir que le père de famille était ravi de les aider dans le futur déménagement. Il avait soudain moins peur de le rencontrer. Il ne savait pas pourquoi, mais il se faisait toujours une image d’un père-terreur quand il s’agissait de l’assimiler aux mots « beau-père ». Pourtant, vu le portrait que venait d’en faire Na Eun, le policier fut soulagé d’un poids immense. Mais il ne se doutait pas qu’il risquait un inquisitoire espagnol si une situation peu conventionnelle ou immorale se savait.

- J’accepte avec plaisir l’aide de votre mari. J’en aurai grand besoin pour déplacer les quelques kilos de vêtements de votre cher fils ^^

Bon, il arrivait toujours à faire de l’humour, même en étant un peu mécontent, c’était déjà ça de pris. Il reçut un coup de coude et sourit malicieusement à Eun Byul, d’un sourire sincère cette fois. Bon sang, arriverait-il à lui en vouloir longtemps à ce gamin capricieux ?

Chemin faisant, la voiture avançant de manière plus fluide vers la fin du trajet, Joo Su avait acquis la certitude de voir les fesses roses d’Eun Byul en photo et se promit de tenir un petit cahier avec ce qu’aimait ou n’aimait pas son tendre amoureux. Le détour pour entrer dans la maison finit par le faire sourire tout en tentant de voir si quelqu’un était dehors dans le jardin des voisins, mais personne en vu. Un vaste regard, il fut conquis par l’apparence de la maison Park. Il lui semblait être un peu à la maison, quelque part. Les Han avaient toujours fait en sorte de ne jamais se sentir dépaysés et la demeure avait cette sérénité unique des coréens. Il n’eut que quelques secondes pour se rappeler de sa mère, seule chez elle à attendre de ses nouvelles avant d’être presque arracher à sa contemplation pour entrer dans l’intimité de ses hôtes. Une odeur succulente, à mettre l’eau à la bouche suffit pour le délester de ses pensées. Il suivit son amant jusque dans le salon, salua une micro-seconde son beau-père sans pouvoir l’analyser comme il faisait toujours avant de grimper des escaliers pour se retrouver dans une chambre destinée aux invités. Il reçut un baisé volé et se contenta de tourner en rond quelques temps pour se familiariser à l’endroit. Il ouvrit sa valise, puis abandonna pour s’installer devant la fenêtre pour observer le jardin. Une piscine éveilla quelques envies languissantes qu’il se contenta de chasser en secouant la tête et en soupirant. Il s’apprêter à sortir de la chambre quand Eun Byul entra pour se coller à lui.

-  Content ? Pour ma part, je suis comblé. Ta mère semble beaucoup m’aimer. Je ne sais pas ce que tu as pu lui dire, mais ça a marché.

Il savait bien qu’il avait définitivement mit Na Eun de son côté en lui adressant des salutations d’une manière très suave. Mais il n’était pas certain qu’Eun Byul l’ait remarqué.
Il le prit contre lui et respira son odeur, au creux de son cou puis baisa ses cheveux. Il se sentait bien, chez lui. C’était un sentiment étrange lorsqu’on sentait des rayons meurtriers traverser les parois de la chambre. Il embrassa longuement son amant, espérant faire rager un jumeau possessif de l’autre côté de la cloison. Puis, ne souhaitant pas se faire maudire, il décida qu’il était temps de rencontrer comme il fallait la papa Park. En sortant, il sourit, d’un sourire sarcastique à son beau-frère.

- Heureux de te revoir. On fait sa petite crise d’adolescence alors ?

Deux paires d’yeux le fusillèrent mais il se contenta d’hausser les épaules et de s’excuser d’une manière polie tout en descendant les marches pour rejoindre les parents Park.

- Pardonnez-moi de ne m’être pas présenté convenablement tout à l’heure. Je vous remercie de me recevoir ainsi chez vous.

Il s’adressait au géniteur dont il avait eu la frayeur durant le voyage en avion. Celui-ci semblait imposant mais fut très engageant. Il ne s’amusa pas à transformer sa voix cependant. Il était persuadé que ça ne fonctionnerait pas de toute façon. Une fois les familiarités passées, ils attendirent le dernier fils avant de dîner. Joo Su passa le plus clair de son repas à éviter tout contact visuel avec Sang Eun, à discuter aimablement avec le père et à échanger des informations sur ses passions avec Na Eun, et qui souhaitait apparemment rencontrer Yu Hee et connaître toute l’histoire de l’existence du policier. Ce fut avec plaisir qu’il lui répondit, en omettant énormément de détails, bien entendu. Il s’arrêta au moment où il avait rencontré Eun Byul. A ce moment, tous les regards convergèrent sur lui. Il se força à sourire et les paroles affluèrent sans qu’ils ne puissent vraiment les arrêter. Joo Su ne leur expliqua pas vraiment comment leur relation avait évolué, c’était bien trop intime pour être raconté. Il se contenta de leur dire ce que ce petit bout de lycéen avait pu lui faire ressentir. Il en dit tant qu’il remarqua que son amant avait le rouge aux joues et se doutait bien qu’il aurait voulu sortir de table pour courir se cacher dans sa chambre. Le policier se rendant compte qu’il allait finir par en dire trop, referma la bouche et piqua quasiment un fard.
Fort heureusement, Na Eun plaisanta un moment et la discussion reprit un court normal. Il se rendit compte qu’il avait utilisé une voix profonde et empreinte d’amour, chose qui ne lui était jamais arrivé. Il les avait vus. Les avait-il forcé à ressentir tous ses sentiments ? Il allait finir par se demander si cette capacité à charmer son auditoire n’était un don, finalement.

Plus tard, une fois la table débarrassée, le couple lavé et Joo Su s’allonga sur son lit, seul. Il envoya un mail à sa mère pour lui parler de sa journée puis éteignit la lumière, attendant. Quelques heures plus tard, il s’éveilla en sentant un corps se coller à lui. Il sourit et se tourna pour prendre dans ses bras son amant.

- Désolé… j’ai du trop en faire. Je sais pas ce qu’il m’a pris…

Ils s’endormirent tard cette nuit-là.

C’est le lendemain dans la journée qu’ils se retrouvèrent tous les deux dans une position délicate. Sang Eun avait pris un malin plaisir à voir Joo Su révéler en action qu’il pouvait se régénérer. Eun Byul, dans une tentative pour aider son père à ranger la cuisine, finit par faire tomber un plat en verre, qui explosa au sol en mille morceaux. Sauf que Joo Su s’était trouvé tout près, et qu’il reçut nombre de morceaux de verre sur les mains, les bras et le torse. Les yeux exorbités, ils s’étaient tous les deux regardés avant que le policier se détourne pour enlever les morceaux qui étaient incrustés dans sa peau. Le père Park, paniqué, se précipita vers lui tout en criant à sa femme d’aller chercher sa trousse de premiers secours. Il prit une des mains du policier pour voir si les coupures étaient profondes, mais tout ce qu’il vit fut une main lisse comme une peau de bébé. Interloqué, il se plaça devant son gendre et son regard balaya le corps régénéré de Joo Su puis son fils. Soudain, une rage sourde s’empara de lui. Na Eun, qui arriva sur ces entre-faits, laissa tomber la trousse et mit une main devant sa bouche.

- QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE BORDEL ?!

Et Sang Eun en arrière plan, qui s’inquiétait pour son frère mais qui jubilait à l’idée que Joo Su se fasse expulser.

…….

Les voilà donc, tous les deux assis à côté l’un de l’autre, prêts à expliquer les circonstances d’une telle situation. Joo Su prit la parole, leur racontant ses recherches, son enquête, son handicap, sa presque-mort, sa résurrection par Eun Byul.

- Eun Byul n’a fait que me sauver la vie. Il a tenté le tout pour tout. Et ça a fonctionné. Nous ne savons pas pour combien de temps, mais tout est stable, je ne risque rien. Le don s’est transmis et son sang s’est assimilé au mien. Il se peut que le don ne fonctionne plus dans quelques temps, comme il pourrait persister jusqu’à ma mort. Je n’ai miraculeusement pas eu tous les inconvénients qu’a subit Eun Byul. En fait, je ne maitrise absolument rien dans ce cas précis. Mais je vous en prie, n’en voulez pas à votre fils pour cet acte de bravoure. Je n’ai jamais été aussi fier qu’au moment où j’ai appris ce qu’il avait fait.

Na Eun semblait perdue, sur le point de pleurer.

- Nous sommes juste très inquiets sur les conséquences d’un tel acte, répondit la voix grave du père Park.

Na Eun avait le don de mettre les gens plutôt à l’aise. Petit Eun Byul pensait même que c’était un des pouvoir de sa mère mais non, elle en avait d’autres. Le jeune homme était contente que le courant passe bien entre le gendre et la belle-mère, et de une dans la poche. Bon, elle était peut être comme ça parce qu’elle était heureuse de voir son fils sourire de nouveau sincèrement, d’avoir effacé cet air triste sur le visage. Elle savait très bien qu’il avait besoin d’avoir quelqu’un dans sa vie, totalement diffèrent de lui qui lui ferait oublier ses moindres problèmes.

Dans la voiture, le maudit se sentit de plus en plus mal à l’aise. Il aurait dû bruler ses albums photos des qu’il en avait l’occasion. Maintenant, Joo Su allait le voir tout petit, tout nu avec un air adorable de chat potté. Crédibilité réduite à néant. Merci maman !
Sa vengeance serait terrible. Dès leur retour, il proposerait un repas chez les Han, après tout, il avait rencontré sa belle-mère a l’hôpital alors qu’elle savait à peine que son fils était bisexuel et avait un petit ami. Comment vous dire qu’il était pas très fier de cette première rencontre.

Le trajet en voiture lui paraissait si long, il avait l’impression que ça faisait des heures qu’ils étaient partis d’Incheon… Mais non, juste une trentaine de minutes. La vie est très dure parfois. Eun Byul regardait la ville défiler devant lui, ça lui avait manqué. Mais il avait un pincement au niveau du ventre. Il le savait déjà, il croiserait Ji Hoon. Rien que l’idée de le voir lui donnait des crampes d’estomac. Il aurait aimé l’oublier, se dire que c’était juste un voisin comme ça, mais non, il n’y arrivait pas, il en était totalement incapable.
Son regard avait fini par se poser sur la maison de Ji Hoon jusqu’à ce qu’ils arrivent enfin sur leur résidence de vacance.

A peine entré, il avait abandonné Joo Su devant la chambre d’ami pour poser ses affaires dans sa chambre. Son frère avait bien compris qu’il n’avait pas encore tourné la page. Il voyait l’air un brin triste sur le visage de son jumeau. Le plus jeune avait rapidement fuit pour retrouver son amoureux dans sa chambre. Il sourit faiblement à sa remarque, oui, il avait maman dans la poche c’était clair et net.
A peine dans ses bras, il s’y blottit, à l’aise. Avec lui il oubliait tout, une vrai bénédiction. Un baiser plein d’amour plus tard, ils sortirent de la chambre main dans la main pour aller se présenter à papa Park. Mais voilà qu’ils avaient croisé Sang Eun et que le policier avait lancé une pique. Eun n’avait pu s’empêcher de lui lancer un regard noir, ils avaient promis d’arrêter eux deux ! Le jeune homme priait pour pas que ça se finisse en bain de sang avant la fin de la semaine. Deux possessifs doublés de deux jaloux… Ça allait être compliqué à gérer, surtout qu’Eun devait avouer qu’il n’avait pas de préférence pour l’un ou l’autre. Ok, il était totalement amoureux de Joo Su, mais il était tellement attaché à son frère. Pitié qu’il se supporte, parce que le plus jeune ne voyait plus sa vie sans eux… C’était impossible, il avait besoin d’eux. Tant pis, il devrait se supporter voilà è_é

Les présentations se passèrent plutôt bien, faut dire que son père avait beau être imposant, il était un père compréhensif et attachant. Il ne pouvait qu’apprécier la personne qui rendait son fils heureux.
Quelques minutes plus tard, le repas fut servi. Ça sentait bon, et ça l’était d’ailleurs mais la prise de parole du policier mit clairement mal à l’aise le lycéen. Bordel, c’était quoi cette déclaration d’amour à peine masqué à table ? Il voulait le faire mourir d’une surchauffe ou quoi ? Eun trifouillé son assiette en étant rouge de la tête aux pieds. Il voulait s’enfuir mais ce n’était pas possible. Mais tout passa rapidement grâce à l’aide de Na Eun.
Le dessert arriva enfin et la famille fut quelque peu choquée en voyant Eun Byul manger un peu de gâteau. Ca faisait tellement longtemps qu’il ne mangeait plus plats sucrés. Malheureusement, il avait du mal à passer, il sentait déjà qu’il allait soit avoir mal au cœur toute la nuit soit qu’il allait vomir d’ici une ou deux heures.

Le jeune homme prit une bonne douche avant d’embrasser son amoureux pour lui souhaiter bonne nuit. Il se rendit ensuite dans sa chambre ou il s’étala sur le lit l’envie de vomir le gagnant de plus en plus. Ce fut à ce moment-là que Sang Eun entra.

« J’aurais pas dû manger le gâteau, j’ai envie de vomir… »
« En effet… Maman m’a donné des cachets pour toi mais… »

L’ainé n’eut pas le temps de finir sa phrase que son cadet avait filé au toilette, recracher ce qu’il avait avalé une heure plus tôt. Bon sang, ça faisait du bien, il n’avait plus cet arrière-gout de sucre, ni cette impression de s’empoisonner avec. Il se rinça le visage un bon coup, se brossa les dents et retourna dans la chambre comme si de rien été.

«  Je suppose que t’en a plus besoin » dit-il en pointant le verre et les cachets qu’il avait posé sur la table de chevet.
« Ça marche pas sur moi… »

Le lycéen s’allongea sur le lit et posa sa tête sur le torse de son frère. Ça lui manquait presque de dormir avec lui. Il ferma doucement les yeux, la journée avait été plutôt bonne, pas de soucis avec les parents, ni avec ses pouvoirs – l’avion le rend mal –

« J’ai vu Ji Hoon se matin… » Dit Sang Eun en caressant le dos de sa moitié. « Il est passé devant la maison. J’me demande s’qu’il foutait la, son esprit et bien trop fermé pour que je puisse entendre ses pensées… »
« Devant la maison ? » Il ne put retenir un tremblement, ni même une larme.
« Oui… Tu devrais aller lui parler, c’pas normal qu’il vienne ici. Tu lui a jamais laisser le temps d’encaisser, on est partit deux jours après, tu l’as fui… tu t’es jamais dit que ça lui faisait bizarre d’entendre ça, ton policier aussi à fait la même chose je te signal. »

Eun se crispa et se redressa. Il n’y avait jamais pensé sous cet angle. De toute façon, ça faisait 3 ans et Ji Hoon n’avait pas repris contact, Sang avait tort c’était sûr et certain. Il passa sa main sous ses yeux avant de se lever. Il descendit et s’installer les jambes dans l’eau. A cette période de l’année, et à cette heure-ci, elle était glacée mais ça lui faisait du bien. De toute façon, c’était pas comme s’il sentait les changements de température.
Il regarda ses pieds et tomba sur cette charade dont l’autre partie était sur celui de Ji Hoon. Un sourire triste se dessina sur ses lèvres. Même si son frère avait raison, il n’avait pas le courage de lui parler vu qu’il pleurait encore des qu’il le voyait. Le lycéen resta environ une heure comme ça avant de se lever, se sécher et rejoindre son homme. Il avait besoin de ses bras autour de lui.

A peine dans le lit du policier, il le sentit se retourner et le prendre dans ses bras, il sourit faiblement en se blottissant contre lui.

« Oui tu en as trop fait, mais c’est pas grave si tu recommences pas. » Dit-il sur le ton de la plaisanterie.

Le lendemain arriva bien trop vite. Il avait eu du mal à se réveiller lui qui d’habitude se lever toujours avant sept heure du mat’.
Mais voilà qu’aux alentour d’onze heures, son père lui demanda de l’aider pour ranger la cuisine tout en discutant avec le policier. Jusqu’à ce qu’un BOUM résonne dans la maison et qu’un plat en verre s’écrase au sol. Eun se sentit mal en voyant que Joo Su s’en était reçu, il le regarda totalement paniqué.
Et voilà, encore quelque chose à expliquer. Il sentait déjà qu’il allait se faire sermonner comme jamais. Assis sur le canapé, il était très mal à l’aise, et voilà que Joo Su s’expliquait. Le lycéen sentait le regard de son père se durcir au fur et à mesure en sa direction.

« Eun Byul, on peut te parler… »

Le jeune homme se leva et alla machinalement à la cuisine. C’était la pièce de la maison qui servait pour les disputes. Y’a toujours une pièce comme ça dans une maison, chez les Park c’était la cuisine, en plus par chance, elle était isolé. (Enfin par chance non, parce que vu qu’ils s’y disputent toujours, ils ont investi pour pas qu’on les entende xD)

« Tu te rends compte de ce que tu as fait ?! C’est dangereux déjà et en plus de ca tu n’as pas le droit tu le sais bien non ?! »
Le jeune homme baissa la tête les larmes commençant à couler le long de ses yeux.
« Il était empoisonné, il allait mourir. Il a voulu que j’oublie ce qui c’était passé… Ce qu’on m’avait fait et il a failli mourir par ma faute. Je ne voulais pas qu’il meurt, c’est égoïste et con mais j’avais pas le courage de le voir partir, pas maintenant ! »
« Tu aurais pu le tuer, et tu aurais expliqué comment le fait qu’il avait ton sang dans son corps hein ? »
« Je voulais être heureux encore un peu… » Murmura-t-il « J’aurais pas pu vivre sans lui, je peux pas vivre sans lui… J’ai pas l’impression d’être un monstre à ses yeux ! »

Cette phrase avait eu le don de refroidir la discussion.

« J’aurais voulu être normal… »

Passer sa vie à s’épuiser pour qu’une simple marque reste sur son corps, c’était atroce pour lui, c’était son pouvoir le plus instable, celui qu’il ne contrôlerait jamais et celui qui pourrait toute sa vie.

D’un coup, il sentit un liquide chaud couler de son nez et une sensation de perte de soi. Sa vision se troublait… Le contre coup de l’avion était là. Bon sang, c’était atroce quand ça lui arrivait. A croire que l’altitude ca rendait son organisme instable bien plus qu’à la base. Il se sentait glisser contre le meuble avec l’impression que son corps ne lui appartenait plus et qu’il était victime de son super système immunitaire.

« Eun Byul ! »

Son père le rattrapa avant qu’il perde totalement conscience et l’emmena au salon ou se trouvait les deux autres. Il posa son fils sur le canapé. Eun Byul était entre deux, conscient et inconscient. Il ferma lentement lui yeux alors que sa mère lui épongeait le visage. Début de vacance pas tellement réussit se dit-il.

« Ça va maman… J’ai juste mal à la tête » Dit-il en se redressant quelque secondes après.

Il sentit des bras l’entourer et il ferma faiblement les yeux. Il avait besoin de lui, il le savait.
La seule chose que cette « baisse de tension » avait permis c’était que la discussion sur ce qu’avait fait Eun Byul s’arrête. De toute façon, tout était déjà fait, les parents espéraient juste qu’il n’arrive rien à Joo Su vu comment leur fils y était attaché.
La famille reprit ses activités en laissant les deux amoureux ensemble le temps qu’Eun se calme.

« Hey, ça va c’est juste l’avion, dans une heure ça ira mieux… »
« Eun Byul tu veux bien aller acheter des œufs et du cider ? »
« Oui maman… »

Dans ce genre de situation, le meilleur pour lui était de sortir prendre l’air, ça lui faisait toujours du bien. Il se leva en titubant un peu et s’accrocha à Joo Su avant de sortir de la résidence familiale pour aller au magasin. Sauf qu’à peine sortit de la maison, son regard dériva vers la droite, son corps fut pris de léger tremblement… Ji Hoon. Ses yeux se remplirent instantanément de larme. Son regard croisa le sien et les petites gouttes d’eau descendirent le long de son visage. Eun Byul tira Joo Su dans l’autre sens.
Bon sang, c’était pas sa journée. Surtout quand il sentit une résistance. Il foutait quoi à faire le piquer Joo Su ?

« S’il te plait, on passe par la… J’t’en supplie… » Murmura-t-il en essayant comme il pouvait d’arrêter de pleurer.

Une sensation désagréable vrilla les tympans de Joo Su. Il sentait comme une pression mentale qui le fit frissonner. Il était terriblement mal à l’aise. Il avait même tenté de prier un dieu quelconque pour revenir en arrière et éviter le massacre. Au lieu de quoi, la voix sourde de reproche du père Park sommait son fils de le rejoindre dans la cuisine, pour une petite discussion. Na Eun eut un regard désolé dans sa direction avant de rejoindre sa famille. Le policier se retrouva seul sur le canapé. Il ne sut que faire. Il entendait des voix assourdis par les murs sans en comprendre un mot, et se mordit violemment les lèvres. Allait-on le jeter à la porte ? Sa valise n’avait pas été vidée, en un quart d’heure, on pouvait aussi bien lui fermer la porte au nez. Il savait qu’Eun le les laisserait pas agir de la sorte, mais la panique le submergeait, et il avait du mal à se remettre des émotions de la journée, qui ne faisait malheureusement que commencer.

Il ne se doutait pourtant pas que celui qui passait un sale quart d’heure, c’était Eun Byul. Il n’avait jamais été question de rejeter le beau-fils, mais bien de remonter les bretelles du fils. Mais Joo Su ne pouvait pas entrer dans l’esprit des gens, alors il se contenta de se ronger les ongles, tout en se demandant quand l’épée de Damoclès allait lui tomber dessus.

Pour ne rien arranger, Sang Eun venait d’entrer dans le salon, épinglant son fameux sourire sarcastique, et emplis de mépris. Il lui fit le geste de la décapitation d’un mouvement de main sous la gorge et s’assit avec un livre. Joo Su déglutit. Il plaisantait, n’est-ce pas ? Le policier commençait sérieusement à suer. Il ferma les yeux et respira profondément. S’il le pouvait, il lancerait une malédiction à ce jumeau qui ne faisait que le torturer. Saleté de gamins ! Il en avait suffisamment d’un qui foutait le bordel dans sa vie ! Bon, il était fou amoureux de ce gamin-là, mais quand même ! Trop, c’est trop !

Soudain, ses sens furent en alerte. Un cri venait de lui parvenir. Celui de Na Eun qui appelait son fils. Comme un ressort, il se leva, suivit de Sang Eun, prêts à bondir vers la porte, morts d’inquiétude. Qu’avait-il ? Faisait-il un malaise ? Etait-ce douloureux ? Il avait besoin de le voir, là, maintenant, tout de suite.
Comme pour répondre à ses attentes, Eun Byul arriva dans les bras de son père et s’assit sur le canapé, à côté de lui. Il laissa sa mère lui nettoyer le visage, et Joo Su le prit dans ses bras et calla son visage dans le cou de son amant. Il sentait qu’Eun Byul avait besoin de l’avoir auprès de lui, et Joo Su n’avait fait qu’obéir aux lois universelles des couples : répondre avec empressement aux besoins de son cher et tendre. Le cœur d’Eun Byul sembla reprendre un rythme normal. Ils se moquaient tous deux que Sang Eun les dévisage ou que ses parents soient toujours là, à les observer. Rien de comptait à part leur étreinte.

Joo Su devinait qu’après une telle crise, la discussion avait pris fin. Et, quand il fut sûr que son amoureux pouvait tenir sur ses jambes, ils sortirent faire les courses. L’air ferait surement un bien fou au jeune lycéen. Mais la vie vous jouait parfois un sacré tour. Apparemment, dans la galaxie, on avait décidé de tartiner la vie des deux amoureux avec des emmerdes, et ce, dans une même journée.

Au coin de la villa, une silhouette se dessina et avança jusqu’à eux. Joo Su s’arrêta, prêt à accueillir le nouvel arrivant comme un ami de la famille. Mais l’expression d’horreur qui se dessina sur le visage d’Eun Byul, et les larmes qui commencèrent à couler lui fit perdre les pédales. Ce type ! C’était ce type ! Ce… Ji Hoon ! L’enfoiré qui avait foutu une partie de la vie de son amant en l’air.
Poussé par la haine qu’un tel être puisse exister, il se dégagea de l’emprise du jeune homme, qui essayait tant bien que mal de le détourner du nouveau venu. Mais Joo Su avait une force plus phénoménale que celle de l’écrevisse qu’il aimait. Il avança vers Ji Hoon, les poings serrés, les lèvres pincées et le regard mauvais. Comme dans un rêve, il entendit Eun Byul l’appeler, lui crier après de ne pas faire l’imbécile, mais il chassa ces dires parasites et fonça droit devant lui.

Dire que Ji Hoon avait l’air affolé était un euphémisme. Joo Su ne pu s’empêcher d’éprouver de la fierté envers ce jeune homme, qui se voulait courageux, et prêt à recevoir les foudres d’un petit ami surprotecteur.

Alors, sans prévenir, Joo Su lui envoya son crochet du droit. Il vit la masse qu’il venait de percuter tomber à la renverse. L’air toujours menaçant, il le vit se lever, pour lui renvoyer un coup à la mâchoire. L’autre valdingua un mètre plus loin. Le sang aux tempes, il n’arrivait toujours pas à se calmer.

- Tu vas encore te relever, enfoiré ? Ne t’avise pas de lui faire du mal à nouveau !

Dans un éclair de lucidité, il se retourna, pour faire face à Sang Eun, qui faisait semblant d’applaudir. Il enragea en pensant qu’il s’enfonçait dans un abyme sans fin, puis retint un hoquet de surprise en voyant dans ses yeux, comme… de l’admiration ? Avait-il remonté dans l’estime du jumeau ?
Et là, en l’espace de quelques secondes, l’univers changea. Il n’eut pas le temps d’y réfléchir, car il chancela sous l’effet d’une violente douleur. Il écarquilla les yeux et baissa le regard vers Eun Byul, qui avait la main toujours en l’air, après l’avoir giflé. Il le traita de beaucoup de noms d’oiseaux, et Joo Su ne su quoi dire, ni quoi faire. Il vit Ji Hoon se relever, le fixer intensément, mais le policier détourna le regard, ne se sentant absolument pas coupable de son geste.

Il les vit rentrer chez les Park, Eun Byul aidant son ancien meilleur ami à rester debout. La tension entre les deux zigotos se sentait jusque dans la rue voisine, mais les actions de Joo Su les avaient irrémédiablement rapprochés. Le policier était désespéré. Il était maudit, c’était forcément ça…

Il se laissa tomber sur le trottoir, retenant son visage dans ses mains, s’obligeant au calme. Il mourrait d’envie de hurler sa rage. Mais quel con ! Que lui avait-il pris de tabasser ce type ?! Bordel, mais il avait perdu la boule ou quoi ?
Il poussa un grognement fort peu élégant et rejeta la tête en arrière. Eun lui avait refroidit les idées en lui balançant une droite mémorable. Il avait la joue qui piquait encore. Qui avait osé dire que les gringalets n’avaient que des mous sans force ? Un rire jaune sortit de sa gorge. Il ne faisait jamais rien comme il fallait. Il avait toujours le mot de trop, les gestes brusques, la pensée morbide. Il n’agissait plus avec sa tête, ces derniers temps. Seule l’impulsion le guidait, et Eun Byul n’y était pas pour rien. Il avait renversé son monde après tout. Rien n’était pareil depuis qu’il le connaissait. C’était comme une vallée paisible qui subissait son premier orage. A la fois merveilleux mais dévastateur.

Sur la route, quelques gouttes de sang le firent faire la moue. Il joua avec les articulations de ses doigts. Il n’y était pas allé de main morte. Il avait les phalanges rougies et égratignées par les coups. Deux. Seulement deux coups, et il lui avait éclaté la lèvre.

*Han Joo Su, tu es un barbare.*

Il se retint de rire en se rappelant de la phrase de sa mère, qu’elle lui sortait souvent lorsqu’il allait trop loin. Il fixa ses yeux fatigués sur ses mains, et les vit cicatriser à une vitesse folle. Cela aurait du l’horrifier, au lieu de quoi, il était fasciné par sa peau qui effaçait comme une gomme les moindre défauts de son corps.  Il se détestait au fond. Comment mériter le respect des Park s’il foutait tout en l’air à la moindre escarmouche ?

Il sentit une présence à ses côtés avant même de repérer, du coin de l’œil, le profil de Sang Eun. Joo Su soupira, prêt à avaler ses reproches sans broncher. Pourtant, rien ne vint. Surpris, il tourna la tête vers le jumeau.

- Bah vas-y, crache ton venin, qu’on en parle plus, lança-t-il dans un murmure, las que sa première journée en Corée se déroule de cette manière.

D’un haussement d’épaule, Sang Eun lui lança un regard de connivence.

- Tu l’as pas volé celle-là, répondit-il d’un mouvement de menton.

Ses yeux fixaient la joue de Joo Su, et ce dernier se demanda s’il devait en rougir ou comprendre qu’il y avait une certaine signification derrière les agissements d’Eun. Mais que ce soit de son amant, ou du frère jumeau, il ne comprenait jamais ce qui les animait, au fond. Alors, au lieu de se torturer l’esprit, il sourit tristement et fit un signe pour qu’il s’assoit à ses côtés. Etrangement, Sang Eun ne rechigna pas à le faire. Ils restèrent un petit moment silencieux, puis Joo Su soupira.

- Tu as raison, je suis un boulet. Je ne sais jamais rien faire sans tout foutre en l’air.
-Hey, mais je n’ai rien dit !
- Oui, mais tu le penses, n’est-ce pas ?

Sang Eun tourna le visage vers lui et sourit. Mais ce n’était plus le même air de sarcasme, plus le même cynisme. Son visage était identique à celui de son frère, mais leurs caractères étant littéralement différents, Joo Su n’aurait eu aucun mal à les reconnaitre, même ne les ayant pas fréquentés.

- T’es mal barré. Il va t’en vouloir à mort.

Joo Su le fusilla du regard. Ouais, il savait qu’il allait devoir se faire pardonner, mais là, c’était carrément un coup de poignard qu’il venait de lui donner.

- C’est trop aimable de te soucier de mon sort, déclara le policier en grognant.

Sang Eun répondit par un air horrifié, tout à fait simulé, et d’un coup, toute la tension accumulée redescendit. Joo Su émit un petit rire, qui se communiqua à Sang Eun. Puis soudain, sans vraiment comprendre pourquoi, une sorte d’accord tacite d’enterrement de la hache de guerre venait d’être passé. En un regard, ils se comprirent. Joo Su soupçonnait Sang Eun d’avoir usé d’un quelconque don pour le sonder dans les tréfonds de son âme, mais peu lui importait, il n’avait plus rien à cacher. Et surtout pas à un frère avec qui il avait une relation aussi fusionnelle. Cela n’avait plus d’importance.
Ils savaient qu’il leur faudrait du temps pour s’apprécier, mais au moins, ils ne risquaient plus de se mettre sur la tronche à chaque phrase échangée. Enfin, ça restait à voir…
Sang Eun savait que le policier serait toujours là pour protéger Eun Byul, comme Joo Su savait que son jumeau avait la même place dans le cœur de son frère. Le partage serait dur, mais ils feraient avec.

Un raclement de gorge les fit se lever comme un seul homme. Derrière eux, se tenait Ji Hoon, salement amoché, et Eun Byul, avec les yeux exorbités. Quoi encore ? C’était si étrange que ça de voir les pires ennemis du monde ricaner ensemble ?

- Je comprends ta colère…

Hein ? C’était à lui que cet enfoiré s’adressait ? Il serra les poings, mais resta immobile.

- Ah ouais ? Tu comprends ce que je ressens gamin ? Moi j’en suis pas sûr !

Sang Eun avait toujours son même sourire espiègle. Une vraie énigme ce type…

- Oui, mais sache que je suis comme vous, un maudit. Alors je sais ce que vous avez traversé… Si vous me laissiez m’expliquer…

Joo Su le coupa en éclatant de rire.

- Désolé, je ne suis pas maudit. Je n’ai pas agit face à ton incompréhension du monde maudit, mais parce que tu as fait souffrir ton meilleur ami, et mon petit ami par la même occasion.

Les traits du visage de Sang Eun et de Ji Hoon étaient étrangement similaires d’un coup. Déboussolés, ils échangèrent des regards, avant de le fixer avec des yeux exorbités. Mais quoi encore ? Quel était le souci ? Eun Byul commençait à paniquer, lui aussi.

- Joo Su, c’est ça ? Crois-moi, tu es comme nous.

L’univers avait bel est bien pris le temps pour tout lui envoyer dans la figure en une même journée…

S’il avait pu prédire l’avenir, Eun Byul ne serait pas sorti de chez lui. Il ne voulait tellement pas croiser Ji Hoon qu’il était capable de rester chez lui pendant des jours. Mais le destin avait voulu qu’il le croise après avoir faire une crise, ou comment dire qu’il était à fleur de peau à cet instant précis. Et puis la réaction du Joo Su, il avait bien sentit la rage monter dans son homme, cette envie de le massacrer. Le lycéen avait bien hurlé mais rien à faire, le policier était bien trop têtu.
S’il avait pu arrêter le temps… Il se serait mis entre son homme et son ex-meilleur ami. Eun savait que Joo Su ne lèverait jamais la main sur lui, ou alors cas extrême et encore, il en doutait vachement. Mais ce n’était pas le cas et le pauvre voisin se prit une droite – bien mérité – et meme une deuxième avant de se rendre compte de sa connerie. Bordel, il avait rien dans la tête, Eun était loin de vouloir blesser Ji Hoon, enfin si ça devait se faire, il fallait que ce soit lui et personne d’autre, c’était leur histoire.

Sans même pouvoir se retenir –tien, ils sont pareil les amoureux – le lycéen donna une claque monumentale à son petit ami avant de se précipiter vers le blessé pour voir l’ampleur des dégâts. Bordel, il lui avait massacré la lèvre et il aurait surement un beau bleu au niveau de la mâchoire.
Ni une ni deux, sans donner la possibilité aux autres de répondre, il lança un regard noir à Joo Su et attrapa Ji Hoon pour l’obliger à rentrer avec lui et se faire soigner.
Voilà donc les deux anciens amis enfermé dans la salle de bain. Eun Byul avec coton et alcool à la main, oui… Alcool. C’est que quand on n’a jamais mal, on ne sait pas comment soigner les autres, meme si ça part d’un TRES bon sentiment

« Non, me touches pas ! »
« Mais tu saignes !! »
« Mais pas avec de l’alcool !! Bordel Eun Byul, ne fais pas des choses que tu ne connais pas… »
« Excuses moi, le monstre que je suis ne ressent rien, j’avais oublié. »

Le jeune homme posa son arme et se retourna pour être face au lavabo, les larmes glissant le long de ses yeux. Une petit rire –nerveux - résonna dans l’étroite pièce et le lycéen se retourna, ce n’était pas drôle !

« Vas-y fou toi de ma gueule !! » Dit-il toujours en pleurant
« On ne soigne pas une plaie ouverte avec de l’alcool, ça pique beaucoup trop » Dit-il en passant les mains sous ses yeux pour sécher ses larmes
« Fais pas le protecteur, ça fait trois ans que tu me parles plus, soignes toi et tires toi »
« Eun Byul… tu m’as jamais laissé le temps de me calmer. J’ai voulu te parler, mais tu étais déjà au Japon et Sang Eun m’a bien sécher quand j’ai voulu venir te voir. J’avais jamais vu cet air menaçant sur son visage. »
« Tu n’as jamais téléphoné ! »
« Tu avais aussi changé de numéro deux jours après ton départ… Utilise ca si tu veux me soigner » Dit-il en pointant un autre produit

Le jeune homme en mit sur un autre coton avant de l’appliquer tout doucement sur Ji Hoon qui grimaçait à chaque contacte.

« Ça fait combien de temps avec lui ? »
« Presque trois mois… Je suis désolé, quand il s’agit de moi, il est un brin trop violent. Il… Il sait beaucoup de chose sur moi, et il aime pas me voir pleurer. Puis, il est à fleur de peau à cause de moi. T’es vraiment mal tombé… »

La conversation dura encore quelques instants avant que les deux garçons retournent au salon. Le lycéen écarquilla les yeux en voyant ses 2 « amours » se marrer ensemble. Il venait de rater un épisode ou ils s’étaient vachement rapprochés les deux idiots ? Et quelques secondes après, se fut vers Ji Hoon qu’il lança se regard. Maudit ?! Lui. Impossible, il n’aurait jamais réagi comme ça quand il lui aurait dit. Non. Et puis voilà que c’était au tour de Joo Su d’être un maudit, vu la tête que faisait son jumeau, ça n’avait pas l’air d’être un mensonge.

« Stop ! Non, non, ce n’est pas possible. Et puis comment tu le saurais ?! Et… Et tu l’es ?! Non. »
« Je suis censé pouvoir paralyser les gens, mais ça n’a pas l’air de lui faire quelque chose… »
« La transfusion ?! »
« Mon sang ne bloque pas les pouvoirs ! Ca… Ça aurait dû le… »

Eun Byul sentait son homme totalement perdu. Beaucoup de chose pouvait s’expliquer avec cette histoire de transfusion sanguine.
La conversation dura entre les garçons sans réussir à trouver une raison au fait que Joo Su soit maudit puisqu’avant, il ne l’ « était pas ».